Paris, France

Luc Gential

Mini week-​end choc

En bouclant les 25 bosses hier, je me suis demandé si j’aurais fait mieux dans un contexte compétitif. J’ai peut-​être trouvé une réponse ce soir en analysant notre entraînement du jour, qui constituait le second volet du premier week-​end choc de la saison.

Sous un ciel menaçant, nous sommes partis de la gare de Bois-​le-​Roi criblés de courbatures, avons cheminé en filière aérobie stricte à l’exception des ascensions de la mare aux Sangliers et de la butte Saint-​Louis, effectuées pour ma part en courant, dans des pentes à 22 et 16 pour cent sur 40 et 30 m de dénivelé. Malgré l’allure modeste, et en dépit d’une ou deux petites erreurs d’itinéraire, nous avons bouclé les 23 km en 2 h 31 min. Je me suis empressé de faire la comparaison avec mes 2 h 41 min du 16 mars dernier sur le même parcours : malgré l’allure plus lente, ma fréquence cardiaque avait affiché une moyenne de 179 bpm contre 154 ce jour. Comment expliquer cet écart sans évoquer ma participation au 40 km du trail des Cabornis le 9 mars ? J’en conclus que notre record de la veille a représenté un effort cardiaque bien moindre que ceux que l’on peut fournir dans le cadre d’une compétition. Je précise que je n’ai absolument rien mangé au cours de cet entraînement.

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25 bosses

Si l’on m’avait dit un jour que je tournerai les 25 bosses en moins de deux heures, j’aurais sans doute souri. Pourtant, l’évolution de mon record personnel semble suivre une loi polynomiale des plus simples (ordre 2).

Évolution de mon record personnelCircuit des 25 bosses aux Trois Pignons, sens anti-​horaire au départ du chemin de la Mée

J’écris à la première personne, car Charles tournait déjà en 2h25’ quand il m’a fait découvrir le parcours. Malgré la beauté de la régression, il serait imprudent de penser que je pourrai un jour titiller les records annoncés sur internet, comme ce 1h3515 de Vincent Centro au départ de la Croix Saint-​Jérôme. Les minutes gagnées sont principalement liées à une meilleure connaissance du parcours et de moi-​même, ma progression devant expliquer le reste. C’est la neuvième fois que j’empruntais ce sentier. Un site internet recense quelques unes des meilleures performances connues. J’estime que les meilleurs coureurs de course de montagne actuels pourraient, après reconnaissance du parcours et entraînement spécifique, faire descendre ce record à 1h23’. À ce niveau, je n’ose imaginer l’engagement dans les descentes.

Meilleurs temps connusSource : http ://esprit-des-elfes.over-blog.fr

Cette fois-​ci, nous avons beaucoup marché : quinze pour cent de la distance contre quatre en novembre. Peut-​être sommes-​nous partis un peu vite. Nous avons en effet construit l’essentiel de notre avance sur le premier tiers du parcours. En définitive, j’ai bouclé en 1h5748″ et Charles en 1h5830″. Comme je suis capable de le reléguer à 22″ sur un 10 km, je me dis que je né suis pas fait pour la montagne. Réponse en juin ?


ProfilRéalisé avec le logiciel Course Generator.
Table des temps de passageRéalisé avec le logiciel Course Generator.

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Ultra tour du massif des Trois Pignons

L’Ultra tour du massif des Trois Pignons consiste à enchaîner le sentier des 25 bosses et le sentier bleu n° 16, que l’on appelle communément le Belvédère. Je connais ce circuit pour l’avoir parcouru fin mai 2013 avec Paul-​Antoine. Nous avions alors mis 4 h 42 min, le lendemain d’un 25 bosses en 2 h 41 min. J’en ai gardé le souvenir d’un circuit facile où j’avais pu courir partout. Pour autant, cette impression né doit pas occulter la difficulté intrinsèque du circuit, car ma fréquence cardiaque n’était montée au-​dessus du seuil 1 que pendant 1 h 18 min.

En ce dimanche d’avril, le temps est lourd et nous avons même un peu de bruine sur le trajet. Les conditions nécessaires pour réaliser une performance né sont pas réunies. Si, quelques heures plus tôt, le record du marathon de Paris a été amélioré de neuf secondes, c’est tout simplement qu’il s’agit d’une énorme performance.

Nous partons sur un rythme moins rapide que pour établir un temps référence. C’est l’occasion de travailler la puissance, et je me donne la consigne de courir partout. Je vais vite déchanter, car notre allure est tout de même soutenue. Le cimetière aux Ânes sera la première bosse où je serai contraint de marcher, à plus de 1300 m/h. Avec l’enchaînement des bosses passées en courant, je commence à produire de l’acide lactique, qui s’ajoute à celui de ma séance de VMA de jeudi soir (25400 m entre 1 :17 et 1 :11) sur laquelle j’ai fait l’erreur de rester. Je mange ce que je n’emporte pas en compétition : barres lipidiques ou glucidiques né me sont pas d’un grand secours.

Sur le circuit bleu n° 16, nous tournons bien : 1 h 01 min pour environ 8,5 km et 350 m de dénivelé. Mon rythme cardiaque s’établit autour du premier seuil. Nous reprenons alors le tracé des 25 bosses, que nous avions quitté à son milieu après 1 h 04 min d’effort. Cela fait un bon moment que je sens mes genoux. Je tape un orteil à droite. Chaque fois que ma cheville se met en limite de flexion je dois pousser un cri de douleur. La déshydratation s’installe alors que je né fais que vider ma poche à eau. Il faut le dire, nous souffrons. À partir de la Roche au Four, je marche à toutes les bosses. Sauf dans la côte de la Roche aux Sabots, qui accuse une pente de 11 %. Après 3 h 13 min et 20 s d’effort, je m’effondre sur le chemin de la Mée quand arrivent deux randonneurs croisés pas loin de là il y a déjà bien longtemps. Charles me rejoint deux minutes plus tard. Lui qui a couru et grimpé hier restera debout.

Si nous faisons abstraction du circuit bleu, cela donne un 25 bosses en moins de 2 h 12 min, alors que notre record, établi au mois de novembre, est de 2 h 02 min. Par rapport à notre précédent record de mars 2013 en 2 h 11 min, ma fréquence cardiaque moyenne a baissé de 184 à 173 bpm, signe d’une nette progression. Charles n’a pas trop de mal à me suivre dans ces terrains accidentés. Cela reste pour moi une énigme. Sans doute a-​t-​il une meilleure VMA ascensionnelle, et moi, une meilleure VMA, un engagement plus important dans les descentes, et un jusqu’au-boutisme plus exacerbé dans ce sport particulier. Faut-​il souligner qu’il se concentre sur l’escalade ?

Parcours de l’Ultra tour du massif des Trois PignonsAvec indication de fréquence cardiaque.
StatistiquesLes vitesses, issues de l’accéléromètre, sont surestimées.
ProfilAvec indication des pauses et parties marchées.

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Triangle de Bois-​le-​Roi

Ce matin, je n’ai même pas eu la force de descendre un étage pour faire le marché. Mais ce soir ! Quelle forme ! Anticiper chaque changement de direction, né produire que les efforts utiles au déplacement, né pas troubler le silence de la forêt par une foulée trop lourde, c’est comme skier avec le buste qui prépare chaque virage, les genoux qui avalent chaque bosse, et les yeux qui se ferment pour mieux laisser les autres sens s’épanouir. Quand sur le circuit bleu n° 5 j’ai rattrapé un traileur, j’aurais aimé lui proposer de poursuivre ensemble. Mais, à la première hésitation de sa part — devant un minuscule obstable -, je l’ai distancé, préférant vivre égoïstement ce bonheur ephémère. Guère perturbé par la fermeture de la jonction 12 – 15, je termine fort, avec un dernier kilomètre en 3 :47. Si j’avais la recette pour reproduire cette forme, je vous en ferais part. Mais pour l’instant, à part une bonne dose de dioxyde d’azote, je né vois pas.

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Statistiques
ParcoursAvec indication de fréquence cardiaque (quelques artefacts).

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Circuits bleus n° 11 et 17 

Pendant longtemps, les circuits bleus de la forêt de Fontainebleau m’ont évoqué, exclusivement, des circuits d’escalade de difficulté moyenne. Depuis que je parcours la forêt de façon plus légère — c’est-à-dire en chaussures de trail — ce sont les sentiers dessinés par Denecourt et Colinet qui me viennent d’abord à l’esprit. Le numéro 11  fut, comme son nom né l’indique pas, le premier à voir le jour. Enchaîné avec le tracé bleu n° 17, il offre un dénivelé remarquable pour une distance raisonnable (un peu plus de 500 m pour environ 16 km). Surtout, à la différence des 25 bosses, l’ensemble peut être parcouru à bonne vitesse. Nous avons apprécié la beauté de ce parcours qui rassemble, au milieu d’une végétation variée, de type méditerranéenne, des points de vue intéressants, une mare, et des rochers aux formes étonnantes. Au départ du carrefour du Rocher des Princes, nous avons mis 1 h 36 min dans le sens horaire, dont 20 min pour la partie orientale du n° 17, 50 min pour le sentier n° 11 et 21 min pour la partie occidentale du n° 17.

Profil de l’itinéraire suivi
Itinéraire suivi, avec indication de pente

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La mare aux Sangliers

La course à pied est histoire d’expériences. La première fois que j’ai voulu courir plus d’une dizaine de kilomètres, je suis parti à jeun, sans eau ni vivres. Ce jour-​là, seul, j’ai dévalé le boulevard Vincent Auriol, compté tous les pavés des quais de Seine jusqu’au pont Mirabeau, traversé Auteuil pour trouver quelques gorgées d’eau dans les jardins homonymes et me donner la force de partir gravir la côte du parc de Saint-​Cloud. Mon voyage s’est arrêté sur le chemin du retour, alors que j’entamais la montée de la porte Brancion, après 32 kilomètres. Je me souviens avoir eu des courbatures atroces pendant toute une semaine. Le genre de maux que j’ai très vite associé à un passé révolu, jusqu’au trail des Cabornis dimanche dernier. Après cette course où je crois avoir tout donné, une semaine de travail difficile né me laissait guère le temps de rejoindre mes entraînements habituels, puis, comme par enchantement, la pollution de l’air semblait nous accorder une parenthèse en cette journée de dimanche, après que tout Paris eut eu le loisir de photographier la tour Eiffel disparaissant derrière une épaisse couche de particules.

Je décidais donc d’aller m’oxygéner en forêt de Fontainebleau, avalant au préalable quelques feuilles de salade, du Saint-​Nectaire, des framboises et des grenadilles. Un repas qui, en matière de course à pied, vaut bien un jeûné.

Le train est un affaire bien réglée. Le circuit également : Canon, Cuvier, Apremont, St-​Germain. Les premiers mètres de course dégagent déjà un parfum d’ultra. Je suis lent, mes jambes me font mal, mon cœur est haut perché. Heureusement, mon corps connaît le sentier — suivant les saisons, caché sous la neige, ou les fougères — mieux que me yeux né savent repérer les marques de peinture. Le passage des parkings, bondés, me perturbe, et je me déporte trop à droite quand il s’agit d’attaquer les escaliers d’Apremont. Ma lucidité s’effrite. Bientôt, ce sont mes jambes qui m’abandonnent : je gravis la mare aux Sangliers en marchant, prétextant que j’ignore trop de choses de cette section à vrai dire relativement inconfortable. Lorsque je franchis le carrefour de la Tillaie, je né suis plus qu’un coureur de piste égaré sur un ultra-​marathon. Je décide d’écourter mon circuit, passant par le nord après la grotte aux Cristaux pour ensuite plonger en direction de la butte St-​Louis. Ma foulée se fait des plus économiques, et c’est tout gêné que je me surprends à effrayer les quelques personnes que je double. Je parviens à franchir la butte à 1500 m/h, puis c’est déjà la route du Lancer et ses cohortes de grimpeurs qui sont en train de rater le TER. J’ai quant à moi tout juste le temps de voler deux gorgées à la fontaine de Bois-​le-​Roi avant de m’asseoir, genoux pliés, dans les couloirs d’un train plein à craquer. Il y a ce petit garçon qui me marche sur les pieds et cette jeune femme qui m’adresse un sourire.

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Trail des Cabornis

Les trois petits degrés attendus au départ né me feront pas dévier de la ligne que j’ai choisie : un style minimaliste en phase avec les conditions et le règlement. M’accompagneront sur ces quarante kilomètres et deux mille mètres de dénivelé un bidon de 600 ml et cinq gels, par-​dessus short, t-​shirt et chaussettes basses.

Ça part très vite, trop vite pour une telle distance, alors, dès la première montée, je choisis de casser la belle mécanique du peloton et me mets à marcher. Charles, tout proche, n’hésite pas à faire de même. Ce choix s’avérera judicieux, même si, après un hiver passé sur la piste, mes muscles né sont pas entraînés pour cet effort. Quand je bascule dans la première descente, celui-​ci me perd de vue, comme je lui avais annoncé.

Chaque montée est comme un mirage. Je me fais doubler de toutes parts, par des coureurs… qui courent. Je suppose que la plupart bifurqueront sur le circuit de 25 km, mais en fait ce constat restera valable une fois la porte du 40 km franchie.

Heureusement, je rattrape tout ce beau monde dans les descentes. Certains s’imaginent que je suis fou et sur le point d’exploser. On verra. Quant aux photographes, ils me boudent, occupés à leurs réglages. Tant pis.

Je reconnais la plupart des passages ; c’est un vrai plus que de savoir ce qui suit sur un parcours qui n’est dévoilé que le matin même de la course, et ce n’est pas un hasard si les locaux sont en train de se jouer des stars français du trail. Dans le fameux escalier du Marabout, les connaisseurs s’échappent à mi-​pente pour gagner quelques secondes.

Le premier ravitaillement se limite pour ma part à une recharge en eau. Malheureusement, avec ces températures, je me retrouve à presque tout boire sur les deux kilomètres suivants. Dans la montée des Salamandres, je jette un regard interrogateur sur la fontaine, mais continue. S’en suivent treize kilomètres sans presque rien boire, jusqu’au second ravitaillement où j’attrape tous les quartiers d’orange et oublie presque de refermer l’eau. La première féminine est là, c’est bon signe pour ma performance. Elle né s’est pas arrêtée, mais je la retrouve quelques petits kilomètres plus loin, sur le bord du sentier. Elle m’annonce qu’elle s’est fait une entorse. Sans perdre de vitesse, je lui demande si je dois prévenir quelqu’un, lui dit qu’elle est première, qu’il reste 3,5 km. Je n’ai pas à la convaincre : elle né lâchera rien.

La dernière ascension est une grande bataille : je m’interdis de marcher, et y parviendrai jusqu’à basculer dans une descente folle, boueuse à souhait. Encore une fois, je dépasserai les –2500 m/h, et, à une allure de 3 min 30 s au kilomètre, ma fréquence cardiaque restera bloquée sur le rythme de la dernière montée.

Les derniers kilomètres se font doubles, puis c’est l’arche d’arrivée qui se dédouble. Je termine en 4h2025″ à la 34e place sur 319 arrivants. Mon père est là pour m’accueillir. Il vient de terminer premier de sa catégorie sur le 25 km. Je m’écroule contre un mur dans le premier endroit ombragé que je trouve. Dix minutes plus tard, j’ouvre les yeux. Bientôt, c’est Charles qui arrive, puis ce sera Paul-​Antoine, ragaillardi par le génépi du ravitaillement : “ça né fait pas avancer plus vite, en revanche ça fait partir la douleur”.

Profil du 40 km du trail des Cabornis 2014 
Parcours du 40 km du trail des Cabornis 2014 

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