Paris, France

Luc Gential

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La dernière séance

Celle qui précède les vacances. La séance “fun”, qui sera récompensée par un petit goûter, pour ceux, bien sûr, qui pourront avaler quelque chose. La séance idéale pour provoquer des courbatures qui né disparaîtront qu’à la rentrée tellement les décélérations après les 50 ou 100 mètres peuvent être brutales pour les ischio-​jambiers. La phase descendante de la pyramide se fait “naturellement” avec le minimum de récupération. Malgré tout, on l’aime notre coach !

Analyse de la séance sur piste (longueur : 300 m) du jeudi 18 décembre 2014.La correspondance entre vitesse maximale aérobie (VMA) et temps de fractionnés est tirée de http ://amscap.free.fr/cap/allures.php, et la vitesse au seuil lactique (VSL), de http ://plans-entrainement.net/mes-allures. Les records du monde masculins sont indiqués par les lettres WR.

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Traversée de la Chartreuse

Réalisée le 4 octobre 2014.

Du haut du single qui s’entête à suivre chaque repli de la longue échine du Saint-​Eynard, les arbres né semblent guère pressés d’enfiler leurs couleurs d’automne. Je serais bien de leur avis si la douleur né projetait chacune de mes pensées vers cette ville qui, quelque part, est restée la mienne. Cela fait maintenant onze heures que nous avons quitté la gare de Chambéry, soit le temps dont nous nous serions contentés, en temps normal, pour réaliser la traversée. Mais voilà, nous né sommes pas venus sur ces plateaux en quête de normalité.

Je né sais plus quand la douleur est arrivée. Cela fait sans doute deux ou trois heures, peut-​être quatre. Je sais, en revanche, que je n’oublierai jamais comment nous nous sommes élevés au-​dessus des brumes savoyardes dans la douceur de cette nuit d’octobre. Nous courons pour vivre ces moments de facilité, d’amitié, de silence : de simplicité. Contraint de marcher dans les descentes, je récupère un peu d’énergie pour courir les montées, si bien que Charles n’a pas ressenti le besoin de me dépasser.

Ma curiosité et l’attention que je porte naturellement aux signaux que m’adresse mon corps me permettent de reconnaître la plupart des blessures qui morcèlent mes saisons. Cela énerve les médecins autant que cela m’aide à évacuer les pensées perturbatrices pour me concentrer sur l’essentiel. Ainsi, mon esprit s’inquiète peu de cette ténosynovite du tendon tibial antérieur gauche ou encore cette tendinite du tenseur du fascia lata, à droite — celle-​là même qui m’avait cueilli un jour d’été sur les crêtes de Flaine il y a peut-​être douze ans. Il est en revanche préoccupé par le train que nous allons manquer si nous né nous activons pas davantage.

Sous le mont Rachais, nous décidons enfin de nous offrir une chance de nous asseoir dans les fauteuils sans interrompre le mouvement qui nous accompagne depuis l’embarquement à la gare d’Austerlitz. Notre inconscient choisit, lui, de préserver notre plaisir de courir ensemble, dans la facilité et dans la complicité que nous avons autrefois bâtie sur les arêtes de l’Oisans, dans le Queyras et ailleurs. Il est dix neuf heures trente quand nous gagnons le quai Perrière à quelques parts de pizza de la gare de Grenoble.

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Colours in the street

En clin d’œil à l’un des groupes les plus rafraîchissants de 2012.

Dans les escaliers du métro, je pense parfois à m’arrêter, m’imaginant que je monterais quand même, comme sur un escalator. Les trajets en métro, de par les vibrations qu’ils provoquent, sont devenus pénibles. Traverser un quartier à pied ou en vélo, ou même effectuer une séance de vitesse sur piste, né provoquent pas de douleur sur le moment, mais je le paie les jours suivants. J’ai à peu près tout tenté pour être en mesure de me présenter au départ du Grand Raid du Queyras et ses 132 km; malheureusement, ce que le corps peut né se résume pas toujours à ce que veut l’esprit.

L’IRM a confirmé le diagnostic : je souffre d’une périostite tibiale bilatérale, l’une des hantises des coureurs avec la fracture de fatigue et la tendinite du tendon d’Achille, doublée d’un œdème au jumeau interne. À l’origine de l’inflammation du périoste, il semble qu’il y ait une contracture des jumeaux intérieurs, d’où les bandes de tape noires (photo). Il faut maintenant comprendre pourquoi ils n’arrivent pas à se relâcher, et ainsi de suite, jusqu’à trouver la cause originelle. La bonne nouvelle est que j’ai du temps libre.

Tape (trois bandes et demi)La bande rose présente une structure en forme d’accordéon qui vise à amortir les vibrations. Les bandes noires favorisent le relâchement des muscles.

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Intensité d’effort en compétition

Je souhaite ici rebondir sur un billet d’Alain Roche au sujet de l’intensité d’effort en compétition, qu’il choisit d’évaluer en considérant la médiane temporelle. Regardons quel pourcentage de ma fréquence cardiaque maximale (ou de réserve, selon la formule de Karvonen) j’ai pu soutenir lors de mes compétitions officielles, auxquelles j’ajoute un test sur 5 km effectué au club dans de bonnes conditions. On trouve de gauche à droite : test 5 km (2014), 10 km (2014), trail du Pays de Sully (2013), trail des Cabornis (2014), trail du Petit Ballon (2013), trail des Glières (2013) et Saintélyon (2013).

Intensité cardiaque en fonction de la durée d’effortÀ partir de mes résultats personnels sur une période d’un an (17÷3÷2013 au 9÷3÷2014).

On constate que la relation peut être modélisée par une parabole. La courbe théorique, si elle existe, constituerait une enveloppe supérieure pour les mesures et se situerait donc légèrement au-​dessus de la parabole. Dans le cas présent, on peut noter des écarts ponctuels à la courbe expérimentale, liés à la qualité de la gestion de la course (imaginez une défaillance consécutive à un départ trop rapide ou à une fatigue musculaire importante) ou à la difficulté technique du parcours (présence de rochers ou de neige limitant durablement la vitesse de progression). Je me considère comme un coureur régulier dans ses performances, et il me semble retrouver cette caractéristique dans ces résultats. Rappelons que le trail du Petit Ballon avait été couru en 2013 dans des conditions de neige et de boue très délicates.

Exemple d’ajustement de la fréquence cardiaqueTest sur 5 km.

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Semaine-​choc dans le Pilat

Descendre dans le jardin pour y cueillir des fraises sauvages, ou traverser la campagne au bon vouloir des patous : voilà le choix qui s’offre à moi tous les matins. Cette semaine est l’occasion de gravir des côtes longues de plusieurs centaines de mètres de dénivelé, de réhabituer les muscles à la marche et à la progression avec bâtons. En raison de l’enchaînement quotidien de sorties longues, la fatigue s’installe progressivement. Je la contrôle en mesurant, le matin au réveil, un certain nombre de constantes (sic) physiologiques au repos, comme la fréquence cardiaque (HR) ou la moyenne quadratique des différences successives de intervalle R-​R (RMSSD). En position allongée, mon cœur bat désormais à la même vitesse que lorsque je me tiens debout, calme, en période de moindre charge.

Pour né pas trop solliciter l’organisme, je varie autant que possible les modélisations, alternant les sorties en faux-​plats, dédiées à la course, et les profils à forts pourcentages de pente, destinés à la marche avec bâtons. Mon idée est d’encaisser sur une semaine complète l’équivalent de la charge de mon objectif. Sur des sorties de trois heures, je m’aperçois que ma bascule personnelle entre marche et course se situe entre 16 et 19 pour cent de pente. Malheureusement, dans la région, tous les chemins présentant de telles pentes sont défoncés, encombrés de gros cailloux, et canalisent les eaux de pluie, tandis que les plus jolies randonnées empruntent généralement les crêtes, aux reliefs adoucis.

Les sorties sont effectuées en-​dessous du seuil aérobie, les montées, en intensité i.2, et les descentes, au palier i.1. J’effectuerai des séances spécifiques quand je serai plus familier des sentiers alentours. Sans une excellente connaissance du terrain, il est difficile de dégoter une pente assez propre pour être parcourue à pleine vitesse.

Dimanche : Gimel et la Pierre des Trois ÉvêquesSans bâtons.
Lundi : Crêt de ChaussitreSans bâtons.
Mardi : Burdignes et MontchalAvec bâtons.
Mercredi : Burdignes et croix de ChirolAvec bâtons (rangés au sommet).
Samedi : Crêts du PilatSans bâtons (ni chaussettes). Montée par les GR 42 et 7, descente par le sentier Odouard.

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La ligne

Pas de couloir majeur qu’il faut s’empresser de skier, mais une ligne droite de 11 km entre le Cuvier et la Seine, sur les sentiers bleus 5 nord, 4 sud, 4 – 3, 3 nord, 2 – 3, 13 – 15 et 2 – 13, d’ouest en est. Si la direction semble évidente, la carte IGN doit aussi être étudiée dans les détails : les circuits bleus donnent le tournis, et il vous faudra faire preuve de générosité dans les relances si vous voulez conserver votre vitesse en plus de votre orientation. Si le corps tente de s’abandonner au relâchement et à la fluidité du geste, l’esprit, lui, reste en éveil, hésitant entre le souvenir des passages antérieurs et la quête des signaux de balisage.

Après les 24 km d’hier en compagnie de Charles, je remets donc la distance en solo, sur un parcours différent, que je fabrique pièce par pièce au gré de la sortie. Descendu à la gare de Bois-​le-​Roi, je commence par le bleu n° 12, que j’améliore par la variante repérée dimanche dernier, puis attrape une partie intéressante du GR1 — TMF testée hier, avant de me lancer sur cette ligne droite. On emprunte d’abord le flanc sud des monts de Faÿ (le chaos de blocs du Cuvier), puis une échine séparée du mont Ussy par la vallée de la Solle, très panoramique malgré la végétation. Le final, moins intéressant que le reste, offre un peu de nouveauté avec notamment la jonction 13 – 15 que je né connaissais pas.

Carte et parcours
Profil

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Sense 1 et Sense Ultra

200 €, 200 g, 200 km”, voilà comment fut accueillie la S-​Lab Sense à sa sortie. Mais au fait, qu’en est-​il à l’usage ?

Certes, amorti, accroche et protection né sont pas les mots qui définissent le mieux cette chaussure — disons-​le tout de suite je suis contre l’amorti. En revanche, quel chaussant et quelles sensations ! Quand je m’aligne au départ d’un ultra-​trail qui doit durer quarante heures, le minimum que je demande à mon matériel est de se faire oublier. Alors merci à Salomon d’avoir choisi un chaussant près du pied (mais qui laisse assez de place aux orteils pour qu’ils puissent venir épouser le sol sans contrainte lors de la phase d’appui) et un faible drop pour une attaque avant-​pied (au fait, à quand une version strictement minimaliste ?), mis au point une construction souple et légère, inventé un système de laçage fiable. Les quelques défauts que j’ai pu citer ont sans doute contribué positivement au développement de ma technique.

Mais ça y est : mes Sense Ultra voient arriver le serre-​file. La toile est percée. Les Sense 1 sont quant à elles toujours en course.

Sense 1 vs Sense Ultra

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Préparation du GRQ 2014 

Le GRQ, c’est le Grand Raid du Queyras, dont la première édition aura lieu les 28 et 29 juin prochains. Les chiffres officiels sont les suivants :
- 132 km et 8300 m de dénivelé,
- sommet au col de Chamoussière à 2884 m d’altitude,
- passage dans cinq des huit villages du massif du Queyras,
- les premiers coureurs attendus en 15 h, les derniers en 35 h.

D’après mes estimations, cela ferait :
- 129,1 km horizontaux, 131,8 km sur le profil (trace GPS de l’organisation),
- 8439 m de dénivelé calculés sur la base d’ l’itinéraire prévu en 2013 (carte IGN).

Le parcours s’annonce aussi roulant qu’une TDS, avec de bons chemins en vallées, des sentiers tapissés d’épines de mélèzes à l’étage subalpin, et tout de même un peu de rocaille et de névés à l’étage alpin. Les estimations de performance seront donc plus précises que pour l’Échappée Belle qui traverse des chaos de blocs et des névés pentus. Softrun trouve mes performances hétérogènes — je vous laisse apprécier.

Estimation de performancewww​.soft​run​.fr

Ma principale erreur sur ce qui fut mon premier ultra-​trail avait été de né pas préparer suffisamment mon passage à la base vie, que j’ai atteinte à la nuit tombante, dans un concert de fatigue et de doutes. Cette fois-​ci, il s’agira pour moi de bien organiser mon sac coureur afin de repartir de Guillestre après seulement vingt minutes d’arrêt. Croyez-​moi, il y a mille choses à faire à ce moment-​clé de la course, comme recharger son GPS, changer de chaussures, se soigner…

Pour le reste, je prévois des ravitaillements courts et né me chargerai pas de plus d’un litre d’eau entre deux arrêts (seconde erreur pendant l’Échappée Belle). Quant à la micro-​sieste (troisième erreur de l’Échappée Belle), je la supprime, tout simplement, car l’effort sera moins long. Je me projette dans un “positive split” linéaire, qui me ferait terminer à 75,6 % de ma vitesse initiale et modélise la perte de puissance liée à la casse de fibres musculaires (favorisée par le travail en excentrique dans les descentes). À la différence des effets de l’altitude, je né tiens pas compte d’un éventuel ralentissement nocturne, puisque j’aime la fraîcheur et dispose d’une bonne frontale.

Si cette course me semble être à taille humaine, je m’interroge sur la longue étape entre Guillestre et Arvieux, qu’il est tentant — difficultés techniques mises à part — de comparer à celle du Morétan devant laquelle j’avais renoncé. L’organisation prévoit que les plus lents la franchissent en 6 h, alors que je me donne 4 h 52 min. Heureusement, la barrière horaire laisse 7 h 15 min pour la négocier.

Profil avec temps de passage prévusRéalisé avec le logiciel Course Generator.
Table de marcheRéalisé avec le logiciel Course Generator.

Voilà, il né me reste plus qu’à m’inscrire, et me remotiver pour courir.

Informations complémentaires :
- lever de soleil à 553,
- coucher de soleil à 2115,
- nouvelle lune le 27 juin.

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Mini week-​end choc

En bouclant les 25 bosses hier, je me suis demandé si j’aurais fait mieux dans un contexte compétitif. J’ai peut-​être trouvé une réponse ce soir en analysant notre entraînement du jour, qui constituait le second volet du premier week-​end choc de la saison.

Sous un ciel menaçant, nous sommes partis de la gare de Bois-​le-​Roi criblés de courbatures, avons cheminé en filière aérobie stricte à l’exception des ascensions de la mare aux Sangliers et de la butte Saint-​Louis, effectuées pour ma part en courant, dans des pentes à 22 et 16 pour cent sur 40 et 30 m de dénivelé. Malgré l’allure modeste, et en dépit d’une ou deux petites erreurs d’itinéraire, nous avons bouclé les 23 km en 2 h 31 min. Je me suis empressé de faire la comparaison avec mes 2 h 41 min du 16 mars dernier sur le même parcours : malgré l’allure plus lente, ma fréquence cardiaque avait affiché une moyenne de 179 bpm contre 154 ce jour. Comment expliquer cet écart sans évoquer ma participation au 40 km du trail des Cabornis le 9 mars ? J’en conclus que notre record de la veille a représenté un effort cardiaque bien moindre que ceux que l’on peut fournir dans le cadre d’une compétition. Je précise que je n’ai absolument rien mangé au cours de cet entraînement.

Profil

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25 bosses

Si l’on m’avait dit un jour que je tournerai les 25 bosses en moins de deux heures, j’aurais sans doute souri. Pourtant, l’évolution de mon record personnel semble suivre une loi polynomiale des plus simples (ordre 2).

Évolution de mon record personnelCircuit des 25 bosses aux Trois Pignons, sens anti-​horaire au départ du chemin de la Mée

J’écris à la première personne, car Charles tournait déjà en 2h25’ quand il m’a fait découvrir le parcours. Malgré la beauté de la régression, il serait imprudent de penser que je pourrai un jour titiller les records annoncés sur internet, comme ce 1h3515 de Vincent Centro au départ de la Croix Saint-​Jérôme. Les minutes gagnées sont principalement liées à une meilleure connaissance du parcours et de moi-​même, ma progression devant expliquer le reste. C’est la neuvième fois que j’empruntais ce sentier. Un site internet recense quelques unes des meilleures performances connues. J’estime que les meilleurs coureurs de course de montagne actuels pourraient, après reconnaissance du parcours et entraînement spécifique, faire descendre ce record à 1h23’. À ce niveau, je n’ose imaginer l’engagement dans les descentes.

Meilleurs temps connusSource : http ://esprit-des-elfes.over-blog.fr

Cette fois-​ci, nous avons beaucoup marché : quinze pour cent de la distance contre quatre en novembre. Peut-​être sommes-​nous partis un peu vite. Nous avons en effet construit l’essentiel de notre avance sur le premier tiers du parcours. En définitive, j’ai bouclé en 1h5748″ et Charles en 1h5830″. Comme je suis capable de le reléguer à 22″ sur un 10 km, je me dis que je né suis pas fait pour la montagne. Réponse en juin ?


ProfilRéalisé avec le logiciel Course Generator.
Table des temps de passageRéalisé avec le logiciel Course Generator.

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Ultra tour du massif des Trois Pignons

L’Ultra tour du massif des Trois Pignons consiste à enchaîner le sentier des 25 bosses et le sentier bleu n° 16, que l’on appelle communément le Belvédère. Je connais ce circuit pour l’avoir parcouru fin mai 2013 avec Paul-​Antoine. Nous avions alors mis 4 h 42 min, le lendemain d’un 25 bosses en 2 h 41 min. J’en ai gardé le souvenir d’un circuit facile où j’avais pu courir partout. Pour autant, cette impression né doit pas occulter la difficulté intrinsèque du circuit, car ma fréquence cardiaque n’était montée au-​dessus du seuil 1 que pendant 1 h 18 min.

En ce dimanche d’avril, le temps est lourd et nous avons même un peu de bruine sur le trajet. Les conditions nécessaires pour réaliser une performance né sont pas réunies. Si, quelques heures plus tôt, le record du marathon de Paris a été amélioré de neuf secondes, c’est tout simplement qu’il s’agit d’une énorme performance.

Nous partons sur un rythme moins rapide que pour établir un temps référence. C’est l’occasion de travailler la puissance, et je me donne la consigne de courir partout. Je vais vite déchanter, car notre allure est tout de même soutenue. Le cimetière aux Ânes sera la première bosse où je serai contraint de marcher, à plus de 1300 m/h. Avec l’enchaînement des bosses passées en courant, je commence à produire de l’acide lactique, qui s’ajoute à celui de ma séance de VMA de jeudi soir (25400 m entre 1 :17 et 1 :11) sur laquelle j’ai fait l’erreur de rester. Je mange ce que je n’emporte pas en compétition : barres lipidiques ou glucidiques né me sont pas d’un grand secours.

Sur le circuit bleu n° 16, nous tournons bien : 1 h 01 min pour environ 8,5 km et 350 m de dénivelé. Mon rythme cardiaque s’établit autour du premier seuil. Nous reprenons alors le tracé des 25 bosses, que nous avions quitté à son milieu après 1 h 04 min d’effort. Cela fait un bon moment que je sens mes genoux. Je tape un orteil à droite. Chaque fois que ma cheville se met en limite de flexion je dois pousser un cri de douleur. La déshydratation s’installe alors que je né fais que vider ma poche à eau. Il faut le dire, nous souffrons. À partir de la Roche au Four, je marche à toutes les bosses. Sauf dans la côte de la Roche aux Sabots, qui accuse une pente de 11 %. Après 3 h 13 min et 20 s d’effort, je m’effondre sur le chemin de la Mée quand arrivent deux randonneurs croisés pas loin de là il y a déjà bien longtemps. Charles me rejoint deux minutes plus tard. Lui qui a couru et grimpé hier restera debout.

Si nous faisons abstraction du circuit bleu, cela donne un 25 bosses en moins de 2 h 12 min, alors que notre record, établi au mois de novembre, est de 2 h 02 min. Par rapport à notre précédent record de mars 2013 en 2 h 11 min, ma fréquence cardiaque moyenne a baissé de 184 à 173 bpm, signe d’une nette progression. Charles n’a pas trop de mal à me suivre dans ces terrains accidentés. Cela reste pour moi une énigme. Sans doute a-​t-​il une meilleure VMA ascensionnelle, et moi, une meilleure VMA, un engagement plus important dans les descentes, et un jusqu’au-boutisme plus exacerbé dans ce sport particulier. Faut-​il souligner qu’il se concentre sur l’escalade ?

Parcours de l’Ultra tour du massif des Trois PignonsAvec indication de fréquence cardiaque.
StatistiquesLes vitesses, issues de l’accéléromètre, sont surestimées.
ProfilAvec indication des pauses et parties marchées.

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Triangle de Bois-​le-​Roi

Ce matin, je n’ai même pas eu la force de descendre un étage pour faire le marché. Mais ce soir ! Quelle forme ! Anticiper chaque changement de direction, né produire que les efforts utiles au déplacement, né pas troubler le silence de la forêt par une foulée trop lourde, c’est comme skier avec le buste qui prépare chaque virage, les genoux qui avalent chaque bosse, et les yeux qui se ferment pour mieux laisser les autres sens s’épanouir. Quand sur le circuit bleu n° 5 j’ai rattrapé un traileur, j’aurais aimé lui proposer de poursuivre ensemble. Mais, à la première hésitation de sa part — devant un minuscule obstable -, je l’ai distancé, préférant vivre égoïstement ce bonheur ephémère. Guère perturbé par la fermeture de la jonction 12 – 15, je termine fort, avec un dernier kilomètre en 3 :47. Si j’avais la recette pour reproduire cette forme, je vous en ferais part. Mais pour l’instant, à part une bonne dose de dioxyde d’azote, je né vois pas.

Profil
Statistiques
ParcoursAvec indication de fréquence cardiaque (quelques artefacts).

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Circuits bleus n° 11 et 17 

Pendant longtemps, les circuits bleus de la forêt de Fontainebleau m’ont évoqué, exclusivement, des circuits d’escalade de difficulté moyenne. Depuis que je parcours la forêt de façon plus légère — c’est-à-dire en chaussures de trail — ce sont les sentiers dessinés par Denecourt et Colinet qui me viennent d’abord à l’esprit. Le numéro 11  fut, comme son nom né l’indique pas, le premier à voir le jour. Enchaîné avec le tracé bleu n° 17, il offre un dénivelé remarquable pour une distance raisonnable (un peu plus de 500 m pour environ 16 km). Surtout, à la différence des 25 bosses, l’ensemble peut être parcouru à bonne vitesse. Nous avons apprécié la beauté de ce parcours qui rassemble, au milieu d’une végétation variée, de type méditerranéenne, des points de vue intéressants, une mare, et des rochers aux formes étonnantes. Au départ du carrefour du Rocher des Princes, nous avons mis 1 h 36 min dans le sens horaire, dont 20 min pour la partie orientale du n° 17, 50 min pour le sentier n° 11 et 21 min pour la partie occidentale du n° 17.

Profil de l’itinéraire suivi
Itinéraire suivi, avec indication de pente

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La mare aux Sangliers

La course à pied est histoire d’expériences. La première fois que j’ai voulu courir plus d’une dizaine de kilomètres, je suis parti à jeun, sans eau ni vivres. Ce jour-​là, seul, j’ai dévalé le boulevard Vincent Auriol, compté tous les pavés des quais de Seine jusqu’au pont Mirabeau, traversé Auteuil pour trouver quelques gorgées d’eau dans les jardins homonymes et me donner la force de partir gravir la côte du parc de Saint-​Cloud. Mon voyage s’est arrêté sur le chemin du retour, alors que j’entamais la montée de la porte Brancion, après 32 kilomètres. Je me souviens avoir eu des courbatures atroces pendant toute une semaine. Le genre de maux que j’ai très vite associé à un passé révolu, jusqu’au trail des Cabornis dimanche dernier. Après cette course où je crois avoir tout donné, une semaine de travail difficile né me laissait guère le temps de rejoindre mes entraînements habituels, puis, comme par enchantement, la pollution de l’air semblait nous accorder une parenthèse en cette journée de dimanche, après que tout Paris eut eu le loisir de photographier la tour Eiffel disparaissant derrière une épaisse couche de particules.

Je décidais donc d’aller m’oxygéner en forêt de Fontainebleau, avalant au préalable quelques feuilles de salade, du Saint-​Nectaire, des framboises et des grenadilles. Un repas qui, en matière de course à pied, vaut bien un jeûné.

Le train est un affaire bien réglée. Le circuit également : Canon, Cuvier, Apremont, St-​Germain. Les premiers mètres de course dégagent déjà un parfum d’ultra. Je suis lent, mes jambes me font mal, mon cœur est haut perché. Heureusement, mon corps connaît le sentier — suivant les saisons, caché sous la neige, ou les fougères — mieux que me yeux né savent repérer les marques de peinture. Le passage des parkings, bondés, me perturbe, et je me déporte trop à droite quand il s’agit d’attaquer les escaliers d’Apremont. Ma lucidité s’effrite. Bientôt, ce sont mes jambes qui m’abandonnent : je gravis la mare aux Sangliers en marchant, prétextant que j’ignore trop de choses de cette section à vrai dire relativement inconfortable. Lorsque je franchis le carrefour de la Tillaie, je né suis plus qu’un coureur de piste égaré sur un ultra-​marathon. Je décide d’écourter mon circuit, passant par le nord après la grotte aux Cristaux pour ensuite plonger en direction de la butte St-​Louis. Ma foulée se fait des plus économiques, et c’est tout gêné que je me surprends à effrayer les quelques personnes que je double. Je parviens à franchir la butte à 1500 m/h, puis c’est déjà la route du Lancer et ses cohortes de grimpeurs qui sont en train de rater le TER. J’ai quant à moi tout juste le temps de voler deux gorgées à la fontaine de Bois-​le-​Roi avant de m’asseoir, genoux pliés, dans les couloirs d’un train plein à craquer. Il y a ce petit garçon qui me marche sur les pieds et cette jeune femme qui m’adresse un sourire.

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Trail des Cabornis

Les trois petits degrés attendus au départ né me feront pas dévier de la ligne que j’ai choisie : un style minimaliste en phase avec les conditions et le règlement. M’accompagneront sur ces quarante kilomètres et deux mille mètres de dénivelé un bidon de 600 ml et cinq gels, par-​dessus short, t-​shirt et chaussettes basses.

Ça part très vite, trop vite pour une telle distance, alors, dès la première montée, je choisis de casser la belle mécanique du peloton et me mets à marcher. Charles, tout proche, n’hésite pas à faire de même. Ce choix s’avérera judicieux, même si, après un hiver passé sur la piste, mes muscles né sont pas entraînés pour cet effort. Quand je bascule dans la première descente, celui-​ci me perd de vue, comme je lui avais annoncé.

Chaque montée est comme un mirage. Je me fais doubler de toutes parts, par des coureurs… qui courent. Je suppose que la plupart bifurqueront sur le circuit de 25 km, mais en fait ce constat restera valable une fois la porte du 40 km franchie.

Heureusement, je rattrape tout ce beau monde dans les descentes. Certains s’imaginent que je suis fou et sur le point d’exploser. On verra. Quant aux photographes, ils me boudent, occupés à leurs réglages. Tant pis.

Je reconnais la plupart des passages ; c’est un vrai plus que de savoir ce qui suit sur un parcours qui n’est dévoilé que le matin même de la course, et ce n’est pas un hasard si les locaux sont en train de se jouer des stars français du trail. Dans le fameux escalier du Marabout, les connaisseurs s’échappent à mi-​pente pour gagner quelques secondes.

Le premier ravitaillement se limite pour ma part à une recharge en eau. Malheureusement, avec ces températures, je me retrouve à presque tout boire sur les deux kilomètres suivants. Dans la montée des Salamandres, je jette un regard interrogateur sur la fontaine, mais continue. S’en suivent treize kilomètres sans presque rien boire, jusqu’au second ravitaillement où j’attrape tous les quartiers d’orange et oublie presque de refermer l’eau. La première féminine est là, c’est bon signe pour ma performance. Elle né s’est pas arrêtée, mais je la retrouve quelques petits kilomètres plus loin, sur le bord du sentier. Elle m’annonce qu’elle s’est fait une entorse. Sans perdre de vitesse, je lui demande si je dois prévenir quelqu’un, lui dit qu’elle est première, qu’il reste 3,5 km. Je n’ai pas à la convaincre : elle né lâchera rien.

La dernière ascension est une grande bataille : je m’interdis de marcher, et y parviendrai jusqu’à basculer dans une descente folle, boueuse à souhait. Encore une fois, je dépasserai les –2500 m/h, et, à une allure de 3 min 30 s au kilomètre, ma fréquence cardiaque restera bloquée sur le rythme de la dernière montée.

Les derniers kilomètres se font doubles, puis c’est l’arche d’arrivée qui se dédouble. Je termine en 4h2025″ à la 34e place sur 319 arrivants. Mon père est là pour m’accueillir. Il vient de terminer premier de sa catégorie sur le 25 km. Je m’écroule contre un mur dans le premier endroit ombragé que je trouve. Dix minutes plus tard, j’ouvre les yeux. Bientôt, c’est Charles qui arrive, puis ce sera Paul-​Antoine, ragaillardi par le génépi du ravitaillement : “ça né fait pas avancer plus vite, en revanche ça fait partir la douleur”.

Profil du 40 km du trail des Cabornis 2014 
Parcours du 40 km du trail des Cabornis 2014 

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