Paris, France

Luc Gential

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The Dø au Transbordeur

The Dø est un duo parisien et franco-​finlandais que j’ai dû découvrir en 2008 grâce à mon pote Benoît à qui je dois quelques belles trouvailles dans la mouvance Indie. Oui, rappelez-​vous, c’était au temps de l’émission C’est Lenoir ! Les deux premiers albums, sortis en 2008 et 2011, naviguaient entre folk et pop emprunts d’accents tribals ou psychédéliques. Le groupe tenait une bonne place dans nos écoutes quand nous rentrions d’une journée sur les skis et nous affairions entre le poêle, l’atelier de fartage et la cuisine. De la frange d’Olivia Merilahti, la chanteuse, au succès en langue anglaise, le groupe avait sur la scèné indé française déjà un petit wagon d’avance sur les autres. Puis vint 2014. The Dø s’immisça dans le monde de l’électro-pop avec un album très remarqué, relayé notamment par les Inrocks. La jeunesse actuelle découvrait The Dø.

C’est ce même public jeune et urbain que j’ai retrouvé au Transbordeur. Pas grand chose à voir avec la foule trentenaire, londonienne ou new-​yorkaise, venue écouter les Écossais de Belle & Sebastian à la Villette en clôture de la deuxième soirée du festival Pitchfork ! En première partie, Saje : une voix haut perchée à la Mika, des arrangements et une présence qui font penser à James Blake, et surtout une pointe d’humour pour noyer le trac des premiers concerts. Les The Dø sont arrivés dans un jeu de lumières très stylé. Le duo des pochettes d’album s’est mué en un line up à cinq membres, et en même temps on remarque vite que tout l’espace est offert à la chanteuse, entrée en scèné quelques secondes après ses musiciens et choriste, dans le costume rouge de l’album Shake Shook Shaken. La fêlure dans la voix d’Olivia Merilahti génère des frissons qui parcourent lentement la salle. Elle en joue avec une subtilité incroyable qu’elle partage avec par exemple Emmy The Great et que l’on retrouve également dans ses gestes — je pense aux petites ondulations qui naissent de ses doigts plutôt qu’aux mouvements de body combat — et dans les regards complices échangés avec le public.

Le set, m’a-t-il semblé, fut le même que pour les précédents concerts de la tournée. Le Transbordeur, bien que loin du charme des salles classiques parisiennes, offre une proximité étonnante avec la scèné. Les morceaux les plus pop sont repris par de nombreux fans, mais lorsque Olivia entonne un morceau a cappella ou lo-​fi et que vient le moment du refrain, le public reste hypnotisé devant la délicatesse de l’interprétation, qu’il n’ose perturber. On sent que le groupe prend plaisir à jouer ; les sourires de la chanteuse s’impriment dans les têtes lyonnaises. Vers la fin du concert, elle se met un moment en retrait pour une incursion réussie dans l’électro, peut-​être annonciatrice de la destination musicale des prochains albums. La cavale européenne se terminera le 15 mai à Bruxelles.


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